El Mahdiya – la ville historique

El Mahdiya – la ville historique

mahdia

Article rédigé par Mahbouba Yahyaoui, conservateur conseiller du patrimoine

Coordonnées géographiques

  • Latitude : 35°30′16″ Nord
  • Longitude : 11°03′43″ Est
  • Altitude par rapport au niveau de la mer : 7 m 

Djelloul, N., Mahdia capitale fatimide, Tunis 2003. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l’article.

On l’appelait Cap Africa, Gummi, Jemma, Aphrodisium, Alopota, Zella, ou encore “le lieu maudit“, el Mahdia aujourd’hui, est une ville côtière se situe à 205 km, de la capitale Tunis, où se conjuguent mer et terre. Elle s’ouvre sur la mer d’environ 70 km de plages, sur une base rocheuse de calcaire et des côtes sablonneuses. Cette ville est en quelque sorte, une fortification naturelle pour ses qualités géographiques et sa situation maritime.

L’ensemble historique de la médina se situe sur une presqu’île d’environ 1400 m de long et 500 m de large. Elle s’étend vers l’intérieur de la terre avec deux quartiers, celle d’Hiboun et de Zouila. Sa situation géographique stratégique exceptionnelle et ses fortifications permettent à la ville de jouer un rôle de premier plan dans le bassin méditerranéen jusqu’au XVIe.

La région Mahdia recèle un grand nombre de sites archéologiques, témoins d’un passé riche et mouvementé. Ces sites, dont la plupart sont étudiés ou répertoriés, sont répartis le long de la côte ou à l’intérieur. C’est un témoin de l’ancienne occupation humaine dans cette région depuis les époques préhistoriques jusqu’à nos jours, en passant par les époques libyque, punique, romaine, vandale, byzantine, arabe et ottomane.

Ancien comptoir Phénicien (814–146 av. J-C), les puniques ont occupé la presqu’île «Gummi» et y ont taillé un port dans la roche et une nécropole à fleur d’eau. Le toponyme ainsi que l’architecture funéraire, militent en faveur d’une cité libyenne pré phénicienne intégrée au domaine de Carthage vers le VIe s. av. J.-C., une aire immense englobent Zawila et les bourgs actuels de Hiboun, Zganna, al-Akwash, Radjish, Dwira et Mnaqaâ ou furent mises à jour des tombes puniques. Selon H. Ben Younes qui a effectué une synthèse sur le Sahel punique présentée au début des années 80, l’emplacement de la cité punique rien n’indique qu’elle avait occupé le même emplacement de la ville fatimide c’est-à-dire sur la presqu’île de Mahdia.

Mahdia fût ensuite occupée par les Romains (146 av.J-C, 439 ap.J-C), sous le nom d’Aphrodisium qui se distingue par l’importance de son port. Les fouilles archéologiques effectuées ont confirmé que la façade maritime de la Byzacium, futur Sahel, avait connu de longues périodes de prospérité. La côte était le débouché d’un territoire riche où la terre était fécondée par le travail depuis les temps immémoriaux. La région était vouée à la céréaliculture sous les Carthaginois. Elle se convertit à l’oléiculture avec les Romains. Les produits du terroir étaient drainés puis dirigés vers les ports par quelques cités-marchés tels qu’El Jem, l’ancienne Thysdrus, point de convergence de plusieurs voies de communication. Preuve de cette richesse, les monuments majestueux qui parsèment le Byzacium, dont le cirque et le grand amphithéâtre d’El Jem dont la contenance est de 30 000 spectateurs. Les fonds marins ne sont pas en reste : en 1907, des pêcheurs d’éponges découvrent à 6 km au large de Mahdia, par 42m de fond, l’épave d’un navire marchand grec échoué à la suite d’une tempête survenue au 1e siècle av. J.-C. Ce dernier renfermait un riche chargement d’œuvres d’art et d’éléments architecturaux, conservés aujourd’hui au Musée National du Bardo.

La période Islamique est la plus distinguée, qui a présidé à la fondation de à la ville par les fatimides pour en faire la capitale de leur califat. En 910 ap. J-C, le calife Fatimide Oubeid Allah El Mehdi, premier Khalife et fondateur de la dynastie des Fatimides, décide de faire de «Cap Africa» sa capitale et de lui attribuer son propre nom «Al Mahdiya». La ville devient capitale des Fatimides et reste jusqu’en 923, date à laquelle Mahdia est remplacée par Le Caire. Assiégée durant huit mois (944-945), par les kharidjites sous la conduite de leur chef Abu Azid, la ville résiste victorieusement. C’est à cette époque que furent construits les principaux monuments qui se dressent aujourd´hui en plein centre-ville de Mahdia. Citons à titre d’exemples, Es-Skifa elkahla qui fût la forteresse principale protégeant les accès à la ville, la grande mosquée et le port punique qui servait de pôle commercial et militaire. Sa situation géographique lui permet de devenir pour deux siècles la métropole politique économique et culturelle de toute l’ifriqiya.

Après avoir conquis tout le Maghreb, les Fatimides se sont lancés à la conquête de l´Orient et y ont établi leur nouvelle capitale au Caire en 969 ap. J.-C. C´est alors que Mahdia a connu se succéder plusieurs occupants : les forces Normandes de Roger II, les Almohades et les Espagnols. La ville s’est ainsi affaiblie et s’est vidée progressivement de ses habitants. C´est l´arrivée des Ottomans qui a permis de la repeupler et de la reconstruire partiellement. Le fort Ottoman se dresse aujourd´hui en plein centre ville comme puissant symbole de cette époque.

Plus récemment, en 1881, Mahdia a connu l’établissement du protectorat Français en Tunisie. Le centre historique de la ville a connu une transformation progressive du tissu urbain et architectural témoignant de l’occupation humaine depuis  la préhistoire  jusqu’à nos jours.

La médina de Mahdia regroupait jusqu’à la fin du XIXe siècle toutes les catégories sociales et toutes les activités économiques, en dehors de l’agriculture. Aujourd’hui, avec l’extension de la ville extra-muros, elle continue à abriter une population constituée essentiellement de pêcheurs de petite ou moyenne condition, sa population ne connaît donc pas un bouleversement profond, comme ce fût le cas dans d’autres médinas en Tunisie. La séparation entre la partie résidentielle et la partie économique est toujours en vigueur, les commerçants et les artisans continuent à occuper le centre historique de la médina.

Aujourd’hui, d’une capitale riche et inaccessible, il ne reste que quelques traces des fortifications du Xe siècle dont le principal tour était de contrôler l’accès à la ville par voie de terre, l’emplacement d’un palais en cours de fouille, une partie de la mosquée du Xe siècle, un port antique taillé dans la roche, un fort ottoman et une nécropole punique ; le reste de la ville étant soit détruit, soit recouvert par la médina actuelle.

En effet, l’architecture générale de la médina historique est toujours respectée. Les ruelles et les impasses n’ont subi aucune transformation, les façades des maisons ont connu des transformations avec le percement de fenêtres donnant sur les ruelles et l’aménagement d’étages répondant à une architecture non contrôlée. Le même phénomène a eu lieu dans la partie commerciale, avec une transformation progressive des façades, des boutiques et magasins où des formes et des matériaux nouveaux ont été introduits.

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Carte de Mahdia d’après le registre Beylical vers 1860.

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La presqu’île en 1955
(cité in Lézine, A. Al. Mahdyia, Recherches d’Archéologie islamique)

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Mahdia au Xe siècle : Visualisation de J-Cl. Golvin
(cité in N.Djelloul. Les fortifications en Tunisie, Tunis 1999, p.54)

 

Les monuments

Le centre historique de Mahdia expose un musée qui abrite des objets remontant à l’antiquité et à la période fatimide et des monuments historiques bien conservés : la Grande Mosquée construite en 916, la Skifa Kahla qui marque l’entrée de la vieille capitale fatimide, la Mosquée Hadj Mustapha Hamza construite en 1772, dont l’architecture s’inspire de l’art ottoman et Borj Al Kébir, et la forteresse turque construite en 1596 après la destruction de la ville et ses remparts.

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Les principaux monuments : plan A.S.M. Mahdia

 

La nécropole

Coordonnées géographiques : 35°30’18.59″N , 11° 4’40.72″E

La nécropole de mahdia s étend depuis le hameau de Mnaqaâ, à 4km au Nord de Salakta, jusqu’au marabout de Sidi Messoud, près de la route de Mahdia à Moknine et du village de Hiboun, sur une longueur de 11 km.  

Elle constitue plus de 1000 caveaux creusés dans le sommet du colline surplombant la mer. Les tombes, dont la plupart ont disparu, sont violées par les chercheurs de trésors, ou éventrées par les carriers. La nécropole a été signalée pour la première fois par Paul Melon au cours d’un voyage qu’il fit en Tunisie en 1884, les fouilles suivies en 1890 par G. Hannez, qui a mis à jour 1040 tombes entre auges superficielles et tombes à puits. Une troisième fouilles fût effectuée en 1896, par D. Novak sous le contrôle de R. Cagnat. Et la dernière fouille de D. Anziani a pu recenser 948 tombes.

Cette nécropole est dotée de deux types des tombes: des sépultures superficielles constituées par des auges et des tombes creusés en profondeur, d’un puits de descente et d’une chambre funéraire aménagée dans l’une de ses parois.

Les caveaux, étudiés par Habib Ben Younes, attestent l’existence de trois modes de sépulture : l’inhumation, l’incinération et le décharnement. Le mobilier funéraire daté du IVe –IIe s. av. J.-C., se compose de vases, d’amphores, d’oenochoées en terre cuite, des épingles à cheveux, des fragments de miroirs, des styles à fard, des monnaies et des graines de colliers en pâte de verre.

 

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Etat actuel de la cimétiere (nécropole)

 

Le vieux port

Coordonnées géographiques : 35°30’20.90″N , 11° 4’44.46″E

Le port artificiel de la presqu’île de Mahdia date du IIIe – IIe siècle avant J.-C. a été creusé dans une roche de grès pliocène et aménagé dans la dépression qui sépare les deux mamelons rocheux de Sidi Jaber et de Bordj el-Kebir. Il occupe un emplacement abrité des vents du Nord-Ouest. Il est relié à la mer par un chenal de 42m de longueur sur 20 m de largeur.

Ce port comprend un grand bassin grossièrement rectangulaire et probablement un autre aménagé au Nord de celui-ci, actuellement remblayé. Le grand bassin est doté d’une passe prolongée en mer par une avant passe réservée à l’accès des bateaux et d’un chenal permettant la circulation de l’eau pour éviter son ensablement.

D’après les données archéologiques et géo-archéologiques, le vieux port a été creusé dans la roche depuis l’époque punique. Il a été utilisé comme comptoir commercial et rénové par Obeid Allah Al Mahdi à une date ultérieure pour devenir un port militaire jusqu’à l’époque ottomane vers le milieu du XVIIIe. Un port intérieur creusé par Obaid Allah d’une superficie de 8250 m2, sert encore comme port de pêche secondaire. Son tour est défendue par deux tours. Les traces des fortifications de la darse qui l’entourent est encore visible à l’œil nu ainsi que les deux guerrières qui surveillent son entrée. Ils furent en grande partie démantelés en 1554. Avant cette date, le port était fortifié par une enceinte flanquée de grosses tours et percée de portes de côtes de la terre et de la mer.

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Carte postale de la douane et le port de Mahdia,1908.

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le port de Mahdia.

 

L’épave de Mahdia

Coordonnées géographiques : 35° 31′ 55″ N, 11° 07′ 28″ E

Un site archéologique sous-marin abrite un navire marchand grec échoué à la suite d’une tempête survenue au Ie siècle av. J.-C.  L’épave a été découvert au mois de juin 1907 par des pêcheurs d’éponges, à 4,8 km au large de l’Afrique du Cap, à une profondeur de 39-40 m, sur un fond plat et sablonneux au large de Mahdia à mi-chemin entre les villes anciennes de Thapsus et Sullectum. Plusieurs campagnes de fouilles archéologiques sous marines (1907, 1908, 1909, 1910, 1911 et 1913) ont été effectuées, dont les rapports publiés dans la revue de l’Académie, Rendus des séances de spiritisme, Comptes de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ont permit de remonter du fond de l’eau une exceptionnelle collection collection de sculptures, d’éléments de mobilier, d’objets du quotidien et plusieurs dizaines de colonnes en marbre. Au total un impressionnant gisement qui donne à penser que le navire, parti du Pirée, allait livrer à Rome à un riche propriétaire mobiliers et œuvres d’art grecs.  La plupart de ces découvertes sont exposées au Musée National du Bardo et abritent un modèle d’un navire reconstruit.

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Reconstitution du navire exposé au Musée National du Bardo.

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Reconstitution du navire exposé au Musée National du Bardo.

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Buste d’Aphrodite, épave de Mahdia, conservé au musée national du Bardo de Tunis
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Buste d’Hermés Une Niobide selon une carte postale ancienne

 

Les fortifications

La ville de Mahdia était considérée comme la mieux fortifiée du Maghreb au moyen âge, ses défenses, ont suscité l’admiration des géographes arabes et des voyageurs européens, furent, cependant, en grande partie détruites par les explosions des mines espagnoles de 1555.

 

Les défenses terrestres fatimides de la ville 

Aujourd’hui disparues, étaient constituées probablement par une triple enceinte séparée par deux intervallum intérieurs. L’enceinte maritime méridionale encore apparente au début du siècle dernier, en grande partie disparue. L’enceinte du nord est encore reconnaissable sur toute sa longueur, a l’instar de la tour qui s’élève encore aux environs du vieux port.

 

Le fort Ottoman Borj el kabir 

Monument classé par décret 13/03/1912.

Il a été construit à la fin du XVIe siècle par les turcs. Cette construction militaire ottomane était probablement exécutée sur les vestiges du palais fatimide de Oubeid-Allah-El-Mehdi. C’est un fort militaire qui servait de base à la garnison Ankhecharia.

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Skifa Kahla, bab Zaouila ou bab al Foutouh 

Monument classé par décret 03/03/1915.

C’est une importante porte fortifiée datant du début du Xe siècle. Elle constitue encore l’un des rares points d’accès au centre historique de la ville et l’un des rares vestiges des anciens remparts.

Cet ouvrage massif de 18m de hauteur, aménagé en fortin et un long vestibule voûté servant à relier le mur principal à la troisième enceinte intérieure. Des escaliers extérieurs donnent accès à l’étage occupé au 16e siècle par le gouverneur de la ville. Le vestibule de 33m de longueur et 5m de largeur est riche en niches et banquettes. On revient au rez-de chaussée pour franchir une porte débouchant sur une sorte de couloir garnis de quelques chapiteaux . On accède par un vestibule à niches et banquettes en monte encore à une terrasse antique.  Des modifications ont été apportées à l’édifice en 1893.

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Les palais fatimides

Les restes du Palais d’Al Mahdi ont été identifiés au couloir d’entrée du fort turc de Bordj el Kabir. Cet édifice est doté d’un fanal encore visible sur les estampes du XVIe siècle et des grilles dorées communiquait avec l’extérieur à l’aide d’une porte monumentale. Une  partie du palais se fut transformée en prison  à l’époque hafside. 

 

Palais el Qaim-bi-Amrallah

Coordonnées géographiques : 35°30’18.85″N , 11° 4’34.68″E

Le palais a été construit par le prince fondateur de l’empire Oubeid-Allah-El-Mehdi au début du Xe siècle pour son fils et héritier du trône el Qaim-bi-Amrallah. Ensuite, il a été habité par les princes Zirides et détruit par les espagnols et les pierres ont été réutilisées après cette invasion. Les fouilles réalisées dans le site ont permis de découvrir une mosaïque dont la superficie dépasse 60 m2. Cette mosaïque ornait probablement la grande salle du palais, aujourd’hui exposée au musée de Mahdia.

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Mosaïque ornée la grande salle du palais Palais el Qaim-bi-Amrallah, Musée de Mahdia

 

Les mosquées

La grande Mosquée 

Coordonnées géographiques :35°30’14.07″Nord, 11° 4’19.32″E

Monument classé par décret 03/03/1915.

La Grande Mosquée de Mahdia se situe dans la partie Sud de la médina historique. Elle a été fondée en 916 par le calife Oubeid Allah al-Mahdi, avec l’édification de la ville, choisissant de construire la mosquée dans une zône fortifiée à proximité de sa résidence.

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Vue panoramique du cour de la mosquée

La mosquée a subi plusieurs rénovations et reconstructions. Au XIe siècle, l’un des murs s’effondre et doit être reconstruit. En 1554, pratiquement toute la mosquée et les remparts sont détruits. Au XVIIIe siècle, Youssef Sahib décrète la reconstruction de la mosquée. Une nouvelle salle de prière devait être ajoutée. Deux cours et un minaret indépendant ont également été ajoutés. Une cour étroite a également été construite.

Un projet de restauration a été lancé en 1961-65 par A. Lézine dont l’objectif était de supprimer tous les ajouts du XVIIIe siècle et de restaurer la mosquée dans son état d’origine.

Le monument est constitué d’une salle de prière précédée par une grande cour irrégulière d’environ 85 m de longueur et 55 m de largeur, entourée de quatre portiques, seul le portique Nord est d’origine, et dépourvu de minaret. Les portiques possèdent des piliers en pierre de taille portant des arcs outrepassés et brisés. Les trois autres ont été reconstruits lors des campagnes de rénovation entre 1961 et 1965. D’après les fouilles entreprises au cours des années 1960, le milieu de la cour était occupé par une allée dont la disposition est unique dans l’architecture religieuse en Ifrîqiya. Couverte de voûtes d’arêtes posées sur des piliers surmontés d’arcs, elle reliait le porche d’entrée à la salle de prière.

La salle de prière est répartie en trois travées disposées parallèlement au mur de la Qibla et en neuf nefs. L’élévation est constituée d’arcs brisés outrepassés reposant sur des colonnes doubles. La nef axiale, mise en valeur par la présence de colonnes groupées par quatre, et la travée du mur Qiblî forment un T évoquant la disposition de la grande mosquée de Kairouan (836). L’intersection de ces deux allées est matérialisée par une coupole abritant le Mihrâb, de style fidèle à celui en vigueur à l’époque ziride. Sa niche est creusée de fines cannelures semi circulaires couronnées par des coquilles. Le cul-de-four surplombant cette niche s’ouvre par un arc en fer à cheval soutenu par deux colonnes d’angle. 

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Plan de la mosquée avant sa restauration

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Plan de la mosquée après sa reconstruction par A. Lézine. 1961-65

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Plan du troisième état de la mosquée

 

La mosquée Mustapha hamza

Coordonnées géographiques : 35°30’14.84″N , 11° 4’14.69″E

Cette mosquée a été construite par un notable d’origine turque el Haj Mustapha Hamza en 1772. Elle est constituée d’une salle de prière de six travées et cinq nefs et un mihrab décoré en rosaces et en polygones étoilés et surmonté d’une petite niche décorative. Le minbar est maçonné comme pour la plupart des mosquées turques. Le minaret, de tradition orientale, est aménagé dans l’angle Nord-Ouest. Il possède deux tours octogonales du style ottoman. L’édifice a subi plusieurs extensions et travaux de réhabilitation surtout au XXe siècle.

 

La mosquée Slimane Hamza

Coordonnées géographiques :  35°30’17.29″N, 11° 4’17.30″E

Ce monument situé au Nord de la grande mosquée, fut édifié par Slimane Hamza à la fin du XVIIIe siècle. Elle est constituée d’une salle de prière rénovée en 1830, de cinq nefs et cinq travées voûtées en arêtes. Des colonnes à chapiteaux turcs supportent les arcs en plein cintre et une mezzanine divise l’espace couvert en deux étages. Le mihrab est décoré en rosaces et en polygones étoilés et surmonté d’une petite niche décorative. Le minbar est également maçonné. Un minaret aménagé dans l’angle Sud-ouest, est constitué de deux tours octogonales coiffées d’une corniche denticules et décorées des niches aveugles.

 

La mosquée Twama

Coordonnées géographiques : 35°30’13.60″N , 11°4’5.83″E

C’est un petit oratoire fondé par deux frères jumeaux en 1850. Cette mosquée est pourvue d’une cour et une salle de prière formée de trois allées perpendiculaires au mur de la Qibla et trois autres parallèles à ce mur, le mihrab est flanqué à son tour de colonnettes récupérées d’un monument remontant à l’époque ziride.

 

Les Zaouïas

Zaouiet des Amamira

Coordonnées géographiques : 35°30’24.16″N , 11° 4’34.97″E

Ce monument est lié au clan autochtone des Amamira attesté à Mahdia dès le début de l’époque ottomane. L’entrée principale de la zawiya est comprise dans un encadrement rectangulaire, qui donne l’accès à trois vestibules voûtés en arêtes. Le premier communique avec une cour latérale sur laquelle s’ouvre une salle funéraire couverte par une coupole. La  seconde cour est dotée de neufs pièces destinées à l’hébergement des visiteurs. L’oratoire est constitué de trois nefs et trois travées voûtées en arêtes. Le mihrab, actuellement transformé en porte, était à son tour flanqué d’anciennes colonnettes dont l’une d’elles présente un petit chapiteau de tradition ziride.

 

Zaouiet Ben Romdhane / Sidi al Qadidi

Coordonnées géographiques : 35°30’23.20″N , 11° 4’31.13″E

Cet édifice remonte à 1872,  lié au soufi Abou Ali Salem el-Qadidi (mort 1260) et transformé à une madrasa par la puissante famille des Ben romdhane. Cette madrasa a été à la fois un lieu d’enseignement et d’hébergement destiné à diffuser le rite sunnite. On accède au monument par une porte aménagée dans la façade méridionale. Elle débouche dans deux vestibules communiquant à leur tour avec la cour principale, bordée d’onze chambres destinées au logement des étudiants. Au sud de cet ensemble, on trouve la turba de la famille Ben Romdhane. L’oratoire est divisé en trois nefs et trois travées, des colonnes à chapiteaux turcs supportent les voûtes d’arêtes.

 

Zaouiet Sidi Abd al-Salam

Coordonnées géographiques : 35°30’13.74″N , 11° 4’6.58″E

Ce monument a été à l’origine une demeure privée d’époque hafside, transformée en zawiya au XVIIIe siècle. La porte d’entrée est inscrite dans un encadrement rectangulaire surmonté d’une petite corniche à denticules, au-dessous de laquelle sont sculptées deux rosaces. Les piédroits, flanqués de colonnettes, sont surmontés d’un arc en plein cintre. On y accède à une petite cour bordée de chambres très altérées par les restaurations modernes.

 

Les mausolées

Mausolée du Sidi Jaber

Coordonnées géographiques : 35°30’29.31″N , 11°4’42.32″E

Il s’élève au dessous d’un mamelon rocheux dominant le Cap Afrique. Il s’ordonne autour d’une cour occupée vers le milieu par des tombes et une citerne. La salle funéraire, précédée d’un portique, est couverte par une coupole en tuileaux ronds. 

 

Mausolée de Sidi Khalil

Coordonnées géographiques : 35°30’13.47″N , 11°4’7.05″E

Le monument est dépourvu d’une salle funéraire indépendante de neufs travées voûtées en arêtes, au milieu est occupée par la tombe. Il est couverte par une coupole supportée par quatre colonnes surmontées des chapiteaux antiques réemployés.

 

Mausolée de Sidi mfaddhil

Coordonnées géographiques : 35°30’13.47″N , 11°4’7.05″E  

Il est constitué d’une cour centrale autour de laquelle s’ordonnent un maqam et un oratoire formé de trois nefs et deux travées voûtées en arêtes

 

Hammam al-Souk

Coordonnées géographiques : 5°30’15.08″N , 11° 4’11.78″E

C’est monument qui date du XVIIe siècle et encore en fonction. On y accède par une porte à encadrement rectangulaire, aménagée dans la façade méridionale, communiquant de plain-pied avec trois vestibules voûtés en arêtes. La salle des déshabillages est dotée de banquettes et couverte par une coupole. La salle froide voûtée en berceau et sépare la salle des déshabillages de la salle tiède. La salle chaude voûtée en berceau est chauffée par un foyer placé sous une de cuivre remplie d’eau.

 

Fondouk al-Turki XVIIIe – XIXe siècle.

Coordonnées géographiques : 35°30’13.44″N, 11° 4’6.84″E

Il se trouve dans le quartier des souks. Il est actuellement occupé par des boutiques et dépourvu d’un étage traditionnel réservé au logement des marchands.

 

Les demeures

Les familles bourgeoises du Mahdia ont bien conservé leurs vieux demeures. L’ensemble le plus intéressant datant du XVIIIe siècle. Il est constitué par une douzaine des maisons appartenant à la puissante famille des Hamza, celles de Hadj Ali Hamza, Mahmoud Hamza et Ben Romdhane.


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Photothèque

  1.     Projet de gestion du patrimoine culturel « Catalogage ; inventaire des monuments classées de la Tunisie).
  2. https://www.geneanet.org/cartes-postales.

 

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Ali DABBAGHI
Ali DABBAGHI

Ingénieur Général spécialiste des systèmes d'information et de communication, مهندس عام في نظم المعلومات والاتصالات General Engineer information and communication systems

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