Makthar, l’antique Mactaris

Makthar, l’antique Mactaris

Makthar, l'antique Mactaris

Article de Boutheina Ayari, Conservateur du Patrimoine à l’INP

Histoire de la ville

(GPS : Lat. :35°51’21’’.N / Long. : 09°12’20’’.E)
Makthar, l’antique Mactaris est une ville d’origine numide située sur un plateau à la bordure Nord de la dorsale Tunisienne. Elle est localisée à la limite entre le Nord-Ouest et le Centre-Ouest de la Tunisie, à 150 kilomètres au Sud-Ouest de Tunis et à 70 kilomètres au Sud- Est du Kef. Avec une altitude de 900 mètres, elle constitue le plus élevé du pays.
Le site de Mactaris se trouve à l’entrée du village moderne de Makthar en arrivant du Nord de Siliana par la RN 4, et toujours par la même voie en arrivant de l’Ouest en provenance de Kalaa Khasba et d’Haïdra. On y accède également par la RR 71 qui relie Sbeïtla à la ville du Kef. Enfin, Makthar est également accessible de l’Est en provenance de Kairouan et de Sousse par le biais de la RN 12 ou un tronçon de l’autoroute A1.
Elle fut autrefois une des régions les plus riches de la Tunisie ; il suffit de voir ses stèles conservées au musée du site ainsi que la densité des tombes mégalithiques, les monuments qui se dressent jusqu’à nos jours pour s’en rendre compte de l’ancienneté de l’occupation et de l’importance de la cité. La ville jouait un rôle commercial dépassant le cadre strictement local, sa situation excellente au centre géométrique de la Tunisie et au point de partage des eaux entre les deux versants lui a permis de commander les passages les plus importants de la région.
Le nom Makthar est attesté dans des inscriptions néouniques sous la forme MKTRYM. Dans les inscriptions latines ils s’inscrivent MACTARIS, un nom qu’il l’a conservé jusqu’à nos jours sans grands changements phonétiques.
L’installation de l’homme dans la région de Mactaris est très ancienne, il est occupé depuis plus de 2800 ans comme l’attestent les mégalithes qu’ont rencontre partout dans le site. La naissance d’une ville appelée Makthar remonte au IVème siècle avant J.C avec les rois numides. La cité profite du développement de Carthage avant d’accueillir des flux importants de réfugiés à la chute de la cité en 146 av. J.-C.
Signalons que ce site est doté d’un petit musée qui abrite diverses pièces exhumées sur place ou amenées des sites avoisinants.

Période préromaine

La région de Makthar fait partie du territoire numide même si elle a été annexée probablement au milieu du troisième siècle par le pouvoir punique, soumise à une influence punique a la fois importante et profonde. Cette influence est perceptible à travers l’usage de la langue phénicienne (la collection des textes funéraires libyques est relativement riche ; rappelons la fameuse bilingue libyque néopunique publiée par Chabot (Recueil des Inscriptions Libyques du père J. B. Chabot). L’adoption des institutions carthaginoises et des cultes puniques (Baal Hammon et Hoter Miskar sont deux divinités d’origine orientale qu’on trouve à Makthar).
Plus tard vers le deuxième siècle, la région est récupérée en même temps que d’autre territoire par le roi numide Masinissa qui régna entre 202 et 148 avant J-C, restera sous le pouvoir des rois numides jusqu’en 46 avant J-C date de son passage sous la domination romaine.

Période romaine

Makthar fut annexé à l’empire romain avec le reste du royaume de Numidie en 46avant J-C par Jules César. Mais gardera son autonomie politique et son rattachement à l’empire romain n’avait empêché de conserver pendant un siècle et demi, l’essentiel de ses traditions.
Les Mactarois ont abandonné au II siècle la civilisation punique, pour être assimilé dans la communauté latine, Marc Aurèle confère à la civitas le statut colonial, et c’est en 180, Mactar est élevé au rang de colonie romaine. Elle vivra au III siècle une période de prospérité et plusieurs monuments furent érigés.
Héritière d’une constitution autochtone, punico-numide, Mactar fut jusqu’au début du IIè siècle après J.-C. le chef-lieu du pagus Thuscae ; une circonscription territoriale qui avait pour objectif au début de la conquête de gérer les affaires des stipendiaires des communautés pérégrines.
Une inscription intéressante fut trouvé à Makthar dite « du moissonneur de Mactar », conservée au Musée du Louvre qui date autour des années 260-270, qui relate la carrière d’un ouvrier agricole obtenant après 23 ans de labeur lui permettant d’accéder au Sénat de sa cité.

moissonneur_Mactar Makthar, l’antique Mactaris

Le texte :
“paupere progenitus lare sum paruoq. parente,
cuius nec census neque domus fuerat.
ex quo sum genitus, ruri mea uixi colendo:
nec ruri pausa nec mihi semper erat.
et cum maturas segetes produxerat annus,
demessor calami tunc ego primus eram.
falcifera cum turma uirum processerat aruis,
10 seu Cirtae Nomados seu louis arua petens
demessor cunctos ante ibam primus in aruis
pos[t] tergus linquens densa meum gremia
bis senas messes rabido sub sole totondi
ductor et ex opere postea factus eram.
undecim et turmas messorum duximus annis
et Numidae campos nostra manus secuit.
hic labor et uita paruo cont(ent)a ualere
et dominum fecere domus, et uilla paratast
et nullis opibus indiget ipsa domus.
20 et nostra uita fructus percepit honorum,
inter conscriptos scribtus(sic) et ipse fui.
ordinis in templo delectus ab ordine sedi
et de rusticulo censor et ipse fui.
et genui et uidi iuuenes carosq(ue) nepotes.
25uitae pro meritis claros transegimus annos,
quos nullo lingua crimine laedit atrox.
discite mortales sine crimine degere uitam:
sic meruit, uixit qui sine fraude, mori.”

Traduction :
” Je suis né d’une famille pauvre ; mon père n’avait ni revenu, ni maison à lui. Depuis le jour de ma naissance, j’ai toujours cultivé mon champ. Ma terre ni moi n’avons pris aucun repos. Lorsque revenait l’époque de l’année où les moissons étaient mûres, j’étais le premier à couper mes chaumes, lorsque paraissaient dans les campagnes les groupes de moissonneurs, qui vont se louer autour de Cirta, la capitale des numides, ou dans les plaines que domine la montagne de Jupiter, alors j’étais le premier à moissonner mon champ. Puis, quittant mon pays, j’ai, pendant douze ans, moissonné pour autrui sous un soleil de feu ; pendant onze ans, j’ai commandé une équipe de moissonneurs et j’ai fauché le blé dans les champs des Numides. A force de travailler, ayant su me contenter de peu, je suis enfin devenu propriétaire d’une maison et d’un domaine : aujourd’hui, je vis dans l’aisance. J’ai même atteint les honneurs : je fus appelé à siéger au sénat de ma cité, et de petit paysan je devins censeur. J’ai vu naître et grandir autour de moi mes enfants et mes petits enfants ; ma vie s’est écoulée paisible et honoré de tous.”
Une inscription qui témoigne de la romanisation de Mactar, où un ouvrier agricole de très modeste origine fut élevé au rang de magistratures.

Période chrétienne et vandale

Maktaris est marquée tout d’abord par d’importantes inscriptions funéraires chrétiennes à mosaïques polychromes. On note aussi que deux monuments « païens » furent transformés en églises : la « scola des Iuvenes» et le temple de Hoter Miscar. Plusieurs églises se sont construites et nous en connaissons cinq au moins. Les épitaphes mises au jour à Makthar permettent de dresser une liste d’évêques, prêtres et autres hommes d’église ayant officié à Makthar. Ainsi, lors de la conférence de 256, il est question de « Marcus à Macthari » alors que« Comparator » est cité en tant qu’évêque donatiste qui a participé à la conférence de 411.
De 439 a 533, la ville comme le reste du pays vécut la domination vandale, elle a conservé une église nommé la basilique dite d’Hildeguns considérée comme l’une des rares témoignages archéologiques de construction de cette période.

Période byzantine et musulmane

Durant la période byzantine, Makthar joua un rôle important dans le système de défense qu’installèrent les Byzantins. De nombreux monuments sont transformés en fortification.
La période musulmane qui commence au 7 e siècle, ne semble pas avoir marqué de coupure brutale, cette période semble être pour ce qui est de l’urbanisme à Makthar, une continuité de la période Byzantine. Le site sera définitivement abandonné seulement au IX siècle.

Plan de la ville

Le site couvre plus de 10 hectares et englobe encore plusieurs monuments grandioses en bonne état de conservation. En se basant sur les monuments existant ainsi que sur l’ensemble de la documentation épigraphique, à la fois funéraires que publique, on peut distinguer à Makthar deux ensembles de monuments appartenant à des phases différentes :
• Les monuments punico-numides.
• Les monuments romains et chrétiens.

mactaris_plan-1024x972 Makthar, l’antique Mactaris

Plan de la ville

 

LES MONUMENTS

– Place publique agora numide ? 

Il s’agit d’une place dallée de forme irrégulière d’environ 2400m2 et dépourvue de portiques située au sud-ouest du site. Elle doit son identification en tant qu’agora numide (place publique) à G.-Ch. Picard.

– Rempart numide ?

Mur de direction Est-Ouest dont un tronçon est situé entre la basilique dite de Juvenus et les mégalithes. Découvert lors des fouilles menées par A. Lezine, il est construit, comme les mégalithes, avec des blocs en calcaire.

– Le Forum 

Un espace rectangulaire, entouré de portiques, à conservé son dallage. Sa porte Sud est un arc dont la frise porte l’inscription dédiée à Trajan et datée de 116 après J-C. cet arc a été muré par les byzantins qui en furent une tour de garde.

forum Makthar, l’antique MactarisVue du forum et de l’arc de Trajan

– Temple dit de Liber Pater 

C’est un sanctuaire qui se trouve au nord du Forum. Il est de petites dimensions, à double crypte et de plan irrégulier. Du monument, il ne subsiste aujourd’hui que le podium, de forme trapézoïdale, avec son escalier.

 

 

– La Schola des Iuvenes 

Ce monument est identifié comme un espace réunissant des jeunes, une « iuventus », grâce à l’inscription découverte surplace et datée de 88-89 après J.C. La juxtaposition juventusciuitatisMactaritanae- cultoresMartisAugusti permet, selon vraisemblance, de confier un caractère religieux à cette association de jeunes. Les membres ont contribué à la construction d’une basilica et des entrepôts sur un terrain public. Ces membres sont aussi bien des citoyens pérégrins, portant des noms latins, que des pérégrins reconnus par leurs filiations autochtones, libyco-punique.

iuvens-1024x795 Makthar, l’antique MactarisPhoto de l’inscription des iuvenes

C’est un monument situé près de la place du vieux forum, qui groupait autour d’une cour à portique les locaux nécessaires à la vie du club. Ce bâtiment a connu plusieurs phases d’occupation dont la dernière, survenue probablement au cours du Vè siècle, consistait à transformer une partie en église.

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Plan de la iuventus de Mactar

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La schola des Iuvenes

 

– Le Monument à Auges 

A proximité du monument dit Schola des juvenes, se situe un monument à quatre absides ; l’une de celles-ci est creusée d’auges, abrités de sorte de guichet.

Monument_Auges Makthar, l’antique Mactaris

Le Monument à Auges

– Le Quadrilobe 

C’est un monument composé de quatre absides disposées en croix. Les murs des absides Nord et Sud coupés à hauteur, portent des arcades. A l’intérieure, la plus grande partie de la salle repose sur les suspensurae d’un hypocauste cruciforme.

– Le Mausolée 

Au sud-ouest de la nécropole, un haut tombeau à toiture pyramidale, d’époque romaine, se dresse au milieu d’un champ. Ce mausolée de forme carrée ayant 2,95 m sur chaque face, repose sur trois gradins formant une sorte de tour. Cette tour est flanquée sur trois de ses côtés de trois pilastres corinthiens ; une porte d’entrée flanquée par deux de ces pilastres. La chambre sépulcrale contient intérieurement dix-sept petites niches cintrées.
Le second étage de ce monument est une deuxième tour rectangulaire bâtie en retrait sur la tour inférieure et décorée également de pilastres corinthiens. Elle renferme une grande niche cintrée. Cette deuxième tour, couronnée d’une élégante
corniche, est surmontée d’un toit en forme de pyramide.

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Le mausolée de Makthar vu par Charles Lallemand

– Le mausolée de Julii 

C’est un mausolée construit par la famille des Julii qui se situe au Nord-Est de l’entrée du site. En partie ruiné, sa partie inférieure est debout et forme une petite tour à peu près carrée, ayant 3.8m de long sur 3.4 m de large.

– Les grands Thermes du Sud -Est 

C’est un établissement thermal situé à l’Est de la ville, daté par une inscription de 199 ap.J.C qui fut transformés en une fortification à l’époque byzantine.
De plan symétrique, de forme rectangulaire d’environs 4 400 m², ses salles chauffées sont disposées à l’Ouest avec deux palestres (P) qui sont comprises dans les dimensions du bâtiment puisque elles sont étroitement intégrées.
Son frigidarium mesure 19,20 mètres sur12, 70 mètres, soit près de 244 m² en excluant les piscines et les niches, pavés en mosaïque. Ses murs sont conservés jusqu’au départ des voûtes, sur une hauteur de plus de 12 mètres.

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grands_Thermes-_Sud-Est-1024x679 Makthar, l’antique Mactaris

Les grands Thermes de Sud -Est

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Plan des grands thermes du Sud-Est
D’après (Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, Publications de l’École Française de Rome, 2003 Pl. XLV

– Bains du Sud ou thermes de juvenes 

Ce sont des thermes qui remontent au IIe siècle et qui se situent au sud du site, prés d’un ensemble mégalithique. De petits dimensions, ces thermes sont composés d’un caldarium comportant trois pièces rectangulaires juxtaposés, orientée Est-Ouest et terminé à l’ouest par une abside.
Le tepidarium se réduit actuellement à trois pièces pavées de mosaïques. Son frigidarium se situe au sud du monument et se compose d’une seule pièce pourvue aux extrémités par deux absides.
– Bains d’Ouest ou thermes du Capitole :
Ces thermes de l’Ouest, dits aussi « du Capitole », sont classés parmi les thermes de dimensions moyennes. Une église et des tombes y ont été aménagées à une date méconnue, probablement au IVè siècle, selon A. Lézine.
Le frigidarium, de plan très allongé, possède deux piscines logées à ses extrémités, un troisième bassin occupant le secteur central d’un des longs côtés sur lequel il dessine une saillie. Ils couvrent avec la salle chaude une superficie d’environ de 1 000 m2.À l’est, il possédait des arcades dont il ne reste que des éléments de sa partie septentrionale.

 

 

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Plan des bains d’Ouest
D’après (Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, Publications de l’École Française de Rome, 2003Pl. XLVI

 

– Le Sanctuaire de Saturne et la basilique de Ritilius 

Sanctuaire-_saturne Makthar, l’antique Mactaris

Il s’agit d’un sanctuaire dédié à Saturne, converti en église dite de Rutilius d’après une inscription mentionnant un Rupilius Pisonianus .
Le sanctuaire
Daterait de 210 en raison d’une inscription partiellement conservée sur des fragments d’architrave et serait dédié à Saturne. C’est d’un temple à cour (extérieurement 45 m x 25,50 m environ) avec trois portiques en U devant (27 m x 15,10 m environ pour la cour), trois cellae, deux exèdres au fond des portiques latéraux, un escalier monumental dont une moitié seulement est conservée. Le portique court, au N.-E., aurait comporté six colonnes,

Essai_reconstitution-_temple-_a_cour Makthar, l’antique Mactaris

Essai de reconstitution du temple à cour
D’après N.Duval : Une hypothèse sur la basilique de Rutilius à Mactar et le temple qui la précédée* Études d’archéologie chrétienne nord-africaine : XI Revue des Études Augustiniennes 31 (1985),

 

– L ’Église

D’après M. G. Picard c’est vers le milieu du IVe siècle que la communauté chrétienne de Mactar prit possession du temple de Saturne et le transforma en une église longue et étroite avec une nef centrale large de 3,50 m et deux bas-côtés larges de 3 m. Le chœur est séparé du bas-côté Sud par le mur Est-Ouest placé à peu près dans l’axe de la terrasse Il ne subsiste rien de l’abside ; son orientation et son emplacement restent également théoriques. L’hypothèse retenue en fait une abside d’orientation Sud-Ouest.

Essai_reconstitutio_eglise Makthar, l’antique Mactaris

 

Essai de reconstitution de l’église dite de Rutilius (dessin Y. Junius).
D’aprés N.Duval : Une hypothèse sur la basilique de Rutilius à Mactar et le temple qui la précédée* Études d’archéologie chrétienne nord-africaine : XIRevue des Études Augustiniennes 31 (1985)

– L’Arc de Ain el B ab 

Un second arc de triomphe s’élève sur les bords d’un ravin et marquait jadis l’entrée de la cité antique. Sa hauteur sous clef de voûte est de 8 m. A droite et à gauche, dans les deux piliers latéraux se sont aménagés des niches destinées à contenir des statues et flanquées de pilastres corinthiens ; en avant de ces niches, un petit vestibule est soutenu sur deux colonnes corinthiennes.

– L’Aqueduc 

Édifié vers 200 après J, douze arcades seulement sont encore debout. Ces blocs sont
de dimensions considérables.

– Le sanctuaire de Hoter Miskar 

Un sanctuaire consacré à Hoter Miskar (Hoter Miskar est une divinité orientale dont le nom n’apparaît en dehors de Maktar que sur quelques inscriptions puniques de Carthage.) Il est situé au Nord-est du « vieux » forum. C’est un monument carré de 18m sur 19m précédé par un vestibule, un escalier de 9 marches permettant l’accéder au pronaos qui précède la cella. L’originalité de ce sanctuaire est tirée de la divinité à laquelle il est dédié et aux dimensions monumentales de son autel .

– La basilique dite d’Hildeguns 

C’est une basilique d’époque vandale, située au sud du Forum de Tra¬jan, constituée de trois nefs et d’une abside orientée vers l’Est. En avant de la nef centrale à l’ouest, un suggestus de maçon¬nerie abrite le tombeau de Hildeguns. Pour Gilbert Charles-Picard, la situation privilégiée de cette tombe (à l’entrée et dans l’axe de la basilique) indique qu’Hildeguns, mort à l’âge de quarante ans selon son épitaphe était un haut personnage de Mactaris.
Cette église constitue l’un des rares témoignages archéologiques de construction de cette période qui précéda la reconquête de l’Afrique du Nord par les Byzantins.

 

 

– le Tophet ou Sanctuaire de Baal Hammon 

Cette aire est attestée uniquement par de nombreux ex-voto dédiés à Baal Hamon, découverts depuis le début du XIXe siècle. L’emplacement de ce lieu sacré pose encore problème. G.-Ch. Picard suppose que le Tophet de Mactar se trouvait sur les pentes du ravin d’Aïn el Bab.
Une deuxième hypothèse d’identification du Tophet de Maktar a été émise par A. M’charek qui place le Tophet au-dessous du sanctuaire dédié à Saturne, converti en église dite de Rutilius.

– Amphithéâtre 

Il se trouve à l’entrée du site de dimension réduite, construit en blocage sa partie Nord est construite alors que la partie Sud est adossée à une colline.

– Les Mégalithes 

Composé de deux groupes situés l’un au Sud-Est et l’autre au Sud-Ouest du site archéologique, les monuments mégalithiques de Maktar sont composées de 25 dolmens. Il s’agit de structures funéraires construites avec de grands blocs servant de parois et de couvertures. Elles se composent chacune de caveaux et des cellules comptant parfois jusqu’à quatre chambres capables de recevoir des dizaines de morts, le passage entre eux se fait par une sorte de puits.

Il s’agit de structures historiques remontant au plus tôt au milieu du premier millénaire, la céramique qui fut découverte se situe entre le quatrième siècle avant J.C. et le premier siècl e après J.-C.

Megalithes-1024x730 Makthar, l’antique Mactaris

Megalithes1 Makthar, l’antique Mactaris

Megalithes2 Makthar, l’antique Mactaris

Plan_Megalithes Makthar, l’antique Mactaris

Plan et coupe du monument mégalithique
D’après CAMPS (G.). – Aux origines de la Barbérie. Monuments et rites funéraires protohistoriques, A.M.G., Paris, 1961, p. 191-194.

 Le 17 janvier 2012, le gouvernement tunisien propose l’ensemble pour un futur classement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, en tant que partie des mausolées royaux de Numidie, de la Maurétanie et des monuments funéraires pré-islamiques.

Bibliographie

Ahmed M’charek, Aspects de l’évolution démographique et sociale à Mactaris aux iie et iiie siècles après J.-C., Tunis 1982.
Ahmed M’charek, « Documentation épigraphique et croissance urbaine : l’exemple de Mactaris aux trois premiers siècles de l’ère chrétienne », L’Africa romana 2/1984, p. 231 223
ABID.Lamia ;Le paysage religieux de Maktar à l’époque préromaine : l’aire sacrée de Baal Hammon
FÉVRIER J.-G., 1959-1960b = FÉVRIER James-Germain, « La construction et la réféction du temple d’ôer Miscar à Maktar » BCTH, 1959-1960 pp. 179-180. non
GHAKI M., 1997b = GHAKI Mansour, « Le nouveau monument mégalithique de Makthar. Rapport préliminaire », REPPAL, 10, 1997 pp.63-72.
GHAKI M., 1999 = GHAKI Mansour, « La céramique modelée du nouveau mégalithe de Makthar », REPPAL, 11, 1999, pp. 96-124.
M’CHAREK A., 1995a = M’CHAREK Ahmed, « La romanisation du culte de Ba’al Hammon dans la région de Maktar », in IIIe Congrès des études phéniciennes et puniques, 1995, pp. 245-257.
Gilbert-Charles Picard, « Mactar », BCTH (1951 1952), p. 97 104.
Gilbert-Charles Picard, Civitas Mactaritana, Karthago VIII/1957, p. 3 165.
Gilbert Charles-Picard, « Les places publiques et le statut municipal de Mactar », CRAI, vol. 97, no 1, 1953, p. 80-82.
Gilbert Charles-Picard, « Essai d’interprétation du sanctuaire de Hoter Miscar à Maktar », BAC 18B, 1982 (1988), p. 17-20.
Mounira Harbi-Riahi, Abderrazak Gragueb, Gabriel Camps, Ali M’timet et Jamel Zoughlami, Atlas Préhistorique de la Tunisie, VIII, Mactar, Rome, École française de Rome, 1985, p. 31 35.
N.Duval : Une hypothèse sur la basilique de Rutilius à Mactar et le temple qui la précédée* Études d’archéologie chrétienne nord-africaine : XI Revue des Études Augustiniennes 31 (1985)
Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, éd. École française de Rome, Rome, 2003.
Victor Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, Tome 1, Ed. Henri Plon, 1862.
« Les mausolées royaux de Numidie, de la Maurétanie et les monuments funéraires pré-islamiques » [archive], sur whc.unesco.org
N. Duval, Les églises africaines à deux absides, II, BEFAR, 218 bis, 1973, p. 143-151 ; Id., Églises et thermes en Afrique du Nord, dans BAC, 7, 1971, p. 305-317.

CAMPS, G., Aux origines de la Berbèrie. Monuments et rites funéraires protohistoriques, Paris1961.C
CAMPS, G.,Corpus des poteries modelées retirées des monuments funéraires protohistoriques de l’Afrique du nord , Paris 1964.
CHABOT, J.B., Recueil des inscriptions libyques( RIL) Paris 1940.
GHAKI, M., « Le nouveau monument mégalithique de Makthar, rapport préliminaire », ReppalX, 1998, 63-72
GHAKI, M., « La céramique modelée du nouveau mégalithe » ReppalXI, 1999, 95-124.

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Ali DABBAGHI
Ali DABBAGHI

Ingénieur Général spécialiste des systèmes d'information et de communication, مهندس عام في نظم المعلومات والاتصالات General Engineer information and communication systems

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