Dougga

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Dougga est un site à la fois spectaculaire et d’un intérêt exceptionnel. Construite sur un plateau incliné qui domine la riche vallée de l’oued Khalled, Thugga était déjà, à la fin du IVe siècle avant J.-C., au dire de Diodore de Sicile, “d’une belle grandeur”. Cité importante et peut-être même première capitale du royaume massyle, elle a vu durant les deux premiers siècles de l’empire romain la coexistence sur son territoire de deux communautés juridiquement distinctes : l’une, de statut pérégrin, formée de la population autochtone de civilisation punico-numide, et l’autre, constituée de colons-citoyens romains,de civilisation gréco-romaine.Cette coexistence a marqué de son empreinte le cadre urbain et l’aspect général de la cité. Dougga a livré les plus anciennes inscriptions libyques datées. C’est le seul site où se trouve attestée l’utilisation de l’épigraphie libyque pour des inscriptions publiques. Le plus connu de ses vestiges est le célèbre mausolée dit d’Atban, monument, datable de la 2éme moitié du IIe siècle avant J.-C. La ville a gardé l’essentiel de son urbanisme numide; mais, assez tôt, elle a commencé à être dotée de monuments typiquement romains tels que arcs de triomphe, établissements thermaux publics…
Le site est également riche d’une importante collection de mosaïques figurées:Ulysse résistant aux chants des Sirènes, Cyclopes forgeant les foudres de Jupiter dans l’antre de Vulcain, Dionysos châtiant les pirates et tant d’autres encore qui contribuent à la gloire du Musée National du Bardo.
Le site de Dougga a été inscrit en décembre 1997 sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, et depuis 1991, il fait l’objet d’un aménagement en Parc Archéologique National.

Les fouilles archéologiques récentes ont révélé que l’occupation humaine du site remonte au moins au milieu du deuxième millénaire avant J.C.La présence de dolmens l’atteste également. Il est probable que le site fut un haut lieu sacré tôt dans l’histoire.La ville est passée tour à tour du domaine de Carthage au royaume de Numidie dont elle fut une des capitales.

L’occupation de la ville à l’époque numide est bien attestée par des monuments importants : le célèbre mausolée libyco-punique et le monument auquel appartenait peut être une inscription dédiée au roi, MASSINISSA qui se dressait dans le secteur de l’agora (place publique).

La ville romaine était délimitée par une large ceinture de nécropoles. La ville est encore prospère au IVéme siècle, elle survit à l’époque byzantine sur une superficie réduite, à l’intérieur d’une enceinte.Une citadelle, construite au VIème siècle à l’emplacement de l’ancien forum, complète ce dispositif défensif.Les zones fouillées de la ville ont révélé à ce jour l’existence d’une vingtaine de temples et d’une trentaine de maisons et ainsi que celle des grands édifices publics: forum, marché, théâtre, cirque, thermes, et fontaines.La ville romaine s’est développée, dès le début du Ier siècle, à l’emplacement même de la cité numide dont elle a épousé le tracé irrégulier.Il est exceptionnel en Afrique de pouvoir suivre de façon aussi précise l’évolution du centre monumental (le forum et ses annexes) sur une longue période.

Toujours occupée par des maisons au Moyen-âge et au cours des siècles suivants, Dougga reste habitée jusqu’au transfert complet de ses habitants dans la plaine (création de Dougga Jedida 1960).Le site, entièrement protégé, a été classé sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1997.

La ville de Dougga doit son origine aux avantages offerts par la topographie des lieux, le climat, et la fertilité des sols. L’environnement montagneux et la falaise qui borde le site étaient favorable à la défense de la ville antique ; les terres fertiles et les sources abondantes rendaient les cultures et l’approvisionnement facile.

Le nom actuel de Dougga provient du nom latin Thugga qui est lui même est issu du nom numide (berbère) Tukka (ou “roc à pic”) retrouvé sur des inscriptions lybiques. La cité était déjà à la fin du 4ème Siècle avant J.C, selon l’auteur grec Diodore de sicile “d’une belle grandeur”. Elle continua à faire partie du domaine de Carthage jusqu’à la première moitié du 2ème Siècle avant J.C. où elle tomba dans le giron du roi numide Massinissa allié de Rome lors de la troisième guerre punique. Après la destruction de Carthage en 146 Avant J.C., Thugga resta en dehors de la Province Romaine d’Afrique jusqu’ en 46 (après la défaite du roi numide Juba 1er).

Très vite une population d’origine romaine (celle du pagus adminstré par Cargthage) vient s’ajouter au substrat numide (la civitas ou cité autoctone). Les deux communautés, pagus d’un côté et  civitas de l’autre, coexistent. La différence de statut juridique a créé une situation d’inégalité qui a duré pendant trois siècles jusqu’à l’accès de la cité au rang de colonie romaine en 261 après J.C., qui fait suite à sa promotion au rang de municipe en 205 sous l’empereur Septime sévère.La vie urbaine de Thugga a régressé sous la domination vandale et pendant l’occupation Byzantine.Le généralissime Solomon en fit une forteresse au VI éme siècle. L’importance de la ville décline par la suite mais la vie se poursuit dont témoigne la céramique d’époque musulmane retrouvées sur le site et la subsitance d’un village.La population actuelle de ce village qui a été déplacée en 1960, est sans doute constituée des anciens Thuggenses, mais l’arrivée des maures andalous au 17ème siècle et des montagnards du Djebel Ousselet déplacés par décision beylicale au 18ème siècle, ont modifié la composition de cette population.

Dougga peut être considérée, sans que cela surprenne, comme étant l’une des plus anciennes villes d’Afrique du nord ; les fondations phéniciennes qui ont vu le jour sur le littoral méditerranéen et atlantique doivent être traitées à part. Les villes de l’intérieur, dont Dougga, sont  le résultat d’une évolution de la longue sédentarisation que connaissent les sites favorables à l’installation humaine : eau potable, pâturages, agriculture diversifiée, site favorable aux échanges et sécurité . Lors de l’invasion d’Agathocle, un des lieutenants de l’armée grecque s’attaque à l’intérieur des terres en quête de butin.

Dougga et son territoire sont dévastés ; plusieurs agglomérations subissent le même sort ; c’est là la preuve que le phénomène urbain était aussi, au IVème siècle avant J.C., une réalité de l’intérieur.Thugga, la forme latine du nom, est unanimement identifiée à Dougga. La mention de la région des monts de Téboursouk revient à nouveau dans les textes anciens au lendemain de la deuxième guerre entre Rome et Carthage- à la fin du III ème siècle avant J.C., au moment où le roi numide, Massinissa, revendique «  les territoires de ses ancêtres ».

La région des Grandes plaines ( la moyenne vallée de la Medjerda), le pays de la Tusca ( le centre ouest de la Tunisie actuelle) et les emporia ( les Syrtes) sont ainsi « récupérés » et reviennent au pouvoir numide. Quelle fut l’évolution entre ces deux dates, fin du IV ème  siècle – début du second ? En somme depuis quand la région fait-elle partie du territoire punique et à quelle occasion fut-elle annexée ?  Il faut distinguer entre l’influence phénico-punique et la domination politique et administrative directe du pouvoir punique.« l’influence » semble avoir commencé assez tôt ; les résultats visibles au IIIème siècle avant J.C. sont l’aboutissement d’un processus d’influence suffisamment long pour que la population ait changé de comportement  dans les domaines les plus conservateurs, les croyances et les pratiques funéraires ;  l’influence est un phénomène continu, lent et permanent.la domination physique doit correspondre à un choix politique de Carthage, à des événements marquants et à des équilibres nouveaux.

Au lendemain de l’invasion d’Agathocle, durant la première moitié du IIIème siècle et jusqu’à 264, année de déclenchement de la première guerre punique, il faut noter le silence des sources littéraires, les seuls événements relevés ont trait à la situation en Sicile et à la rivalité naissante entre Rome et Carthage.La deuxième guerre punique peut être divisée en deux phases :

– la première phase (la guerre de Sicile), s’étend de 264 à 256, année du débarquement de Régulus en Afrique ;

la seconde phase s’étend de 256 à 241, année de la défaite de Carthage ; les trois années qui suivront seront marquées par la guerre des mercenaires et des Libyens.

De ces données « historiques », il est permis d’avancer deux moments propices à une annexion physique :

La région de Dougga, en même temps que d’autres, a pu être annexée durant la deuxième guerre ; Carthage forma trois armées qui furent dirigées vers les « villes maritimes », vers « l’intérieur » et vers « le Haut pays » ; la région des monts de Téboursouk et du Haut Tell peut très bien répondre à l’appellation « le Haut pays », Dougga, qui devait être l’une des principales villes de la région, ne pouvait pas ne pas être concernée par ces événements.Les Numides qui avaient profité de l’invasion de Régulus pour « dévaster une partie de territoire punique » furent châtiés ; c’est un certain Amilcar qui se vit confier cette tâche en 254. En 247, Hannon, nous dit-on, soucieux de ménager les finances de la République, faisait vivre son armée aux dépens du pays ennemi, il occupa, après un siège, la ville d’Hécatompylos (Theveste, actuelle Tebessa, en Algérie).

Avancer aussi loin suppose une sécurité des arrières, une garantie de repli ; de plus pourquoi aller si loin si les territoires plus proches et réputés riches n’étaient pas déjà pacifiés.L’autre moment propice à l’élargissement du territoire dépendant politiquement de Carthage se situe au lendemain de la guerre des mercenaires et des Libyens ; en 237, la défaite des révoltés entraîna l’extension du « territoire de Carthage », « des Numides ralliés aux révoltés refusèrent de déposer les armes, les généraux Amilcar et Hannon durent les combattre, la paix fut rétablie et les limites du territoire « étendues » .

Dans un cas comme dans l’autre, si l’influence phénico-punique commença très probablement au Vème siècle, au lendemain de la bataille d’Himère, la domination politique semble avoir été relativement courte, elle se situerait entre la première guerre et la veille de la dernière, elle aura duré ainsi un siècle.

Les Provinces Romaines de L’Afrique du Nord : D’abord limitée, depuis la prise de Carthage en 146 avant J.C, à la partie orientale de l’Afrique du Nord (l’ancien territoire carthaginois), l’Afrique romaine s’agrandit à l’ensemble du Maghreb entre César (mort en 44 avant J.C.) et Caligula (37-41 aprés J.C). A l’apogée de l’Empire (vers 200 aprés J.C.), elle comprenait cinq provinces, qui se distinguaient par leur statut, par le degré de la pénétration romaine, par la présence ou l’absence de l’armée. A l’ouest, se trouve l’Afrique proconsulaire, gouvernée depuis Carthage ; puis, en allant vers l’ouest, la Numidie, province militaire (capitale Lambèse), dont les quelque 10 000 hommes assuraient la garde de l’Afrique du Nord. L’Afrique proconsulaire était, avec l’Asie proconsulaire (la partie occidentale de la Turquie), la perle des provinces romaines. A l’apogée de l’Empire, elle couvrait la Tunisie actuelle, le Constantinois et la Tripolitaine. Marquée par l’héritage de Carthage, c’est là que s’épanouit une foisonnante civilisation urbaine. Les villes y constituaient des centaines de petites républiques dont la classe dirigeante avait peu à peu assimilé la culture gréco-romaine et, appuyée sur une forte paysannerie et un artisanat très dynamique, assuré l’opulence proverbiale du pays. Celle-ci était due aussi à quatre siècles de paix, du règne de Tibère (14-37aprés J.C) à l’invasion vandale, en 429. Cependant, la civilisation romaine se perpétua dans l’Afrique romaine à travers les centaines d’évêchés de l’église chrétienne, jusqu’à la prise de Carthage par Hassan Ibn Nooman en 698.

Dougga une ville de l’Afrique romaine : L’importance du site de Dougga s’explique par la conservation exceptionnelle des vestiges antiques. C’est l’un des plus beaux exemples de ville romaine que l’archéologie ait révélé en Afrique. Le transfert à Dougga Nouvelle de l’ancien village installé sur le site permet d’avoir une vue d’ensemble incomparable des vestiges antiques. Les ruines s’étalent sur le flanc du jebel Dougga.La surface agglomérée de la ville antique couvrait vingt à trente hectares dont le tiers environ émerge du sol.Elle était cernée de tous les côtés par des nécropoles. Sous l’Empire, l’essor monumental est bien perceptible dès le règne de l’empereur Tibère (14-37aprés J.C), surtout par des inscriptions monumentales, mais la plupart des édifices publics aujourd’hui reconnaissables ont été édifiés entre le règne d’Hadrien (117-138) et celui de Gallien (260-268) ; ils illustrent la vie politique (le forum), économique (le marché) et religieuse (les temples), le confort (fontaines, nymphées, citernes) et les loisirs (thermes, théâtre, cirque). Pour cette époque, de nombreux vestiges de constructions publiques aussi bien que de monuments funéraires demeurent enfouis dans les murs de la citadelle byzantine et de la grande enceinte qui enferma la ville de l’Antiquité tardive. On connaît aussi l’existence de belles demeures privées datables du IVe siècle aprés J.C. par leurs mosaïques. Cependant, le christianisme a laissé une faible empreinte dans la ville, dans un étroit secteur en contrebas du temple de Saturne.

La Période Byzantine : La crise générale que connut l’empire romain au IIIéme siècle après J.C. a été moins sensible en Afrique romaine que dans d’autres provinces directement menacées par les invasions des peuples germaniques. Durant tout le Bas-Empire, les institutions municipales continuèrent à fonctionner impertubablement en Afrique. A cette époque, la vie matérielle fut marquée par l’aménagement et l’ornementation de grandes demeures urbaines plus que par la construction de nouveaux monuments publics. On a pratiqué surtout, particulièrement dans les années 375-380 après J.C., des restaurations de monuments antérieurs, notamment celle de l’aqueduc. Qu’une agglomération de quelque importance ait été maintenue à l’époque vandale (439-533 après J.C.) est attesté par la décision que prit en 534, lors de la reconquête, l’empereur de Byzance Justinien, d’y construire une forteresse. Cependant, bien qu’il soit probable qu’au temps de sa splendeur Thugga ait été un évêché, représenté dès 256 après J.C. au concile de Carthage, la discrétion de l’Église locale est aussi patente dans les textes que dans les monuments chrétiens qui ne sont représentés jusqu’ici que par la très modeste église de Victoria, basilique funéraire, que l’on a coutume de dater de la fin du IVéme ou du Véme siècle. Les seuls autres vestiges pour la période du VIéme siècle au VIIIéme siècle sont le grand tombeau collectif connu sous le nom d’ « hypogée chrétien », des sarcophages épars et de rares inscriptions. C’était pourtant alors une ville importante au moins par son étendue, à preuve la grande enceinte tardive qui enfermait 15 à 16 ha, soit les trois quarts de la surface antérieure agglomérée. On ignore tout de l’organisation, de la densité de l’habitat, de la durée de cette ville fortifiée.

La Période Médiévale : Le site de Dougga était occupé à l’époque médiévale, comme l’atteste la découverte de nombreux fragment de céramique, la présence d’un petit établissement thermal (hammam), daté de l’époque aghlabide, situé au pied du mur sud de la forteresse byzantine (toujours visible de nos jours) et aussi l’existence de la petite mosquée sise sur le soubassement du temple romain de la Fortune. La vie d’une modeste bourgade se prolongea ensuite pendant des siècles. L’emplacement d’un village installé au cœur de la ville antique a subsisté jusqu’au 1960.

Pour plus de détail aller sur ce lien : Dougga 3000 ans d’histoire

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Ali DABBAGHI
Ali DABBAGHI

Ingénieur Général spécialiste des systèmes d'information et de communication, مهندس عام في نظم المعلومات والاتصالات General Engineer information and communication systems

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